La parution de la nouvelle version du guide alimentaire fait couler beaucoup d’encre ces temps-ci. Sans être une experte, j’ai vraiment envie de me prononcer sur le sujet.
Tout d’abord le visuel, je trouve la photo très belle mais je ne suis pas certaine que le visuel de proportions est si évident…et ce qui est le plus surprenant pour moi, c’est la disparition de la classe lait et substituts. La semaine dernière, pour une femme de mon âge (50 ans et +), il était conseillé par le guide alimentaire canadien, de consommer 3 portions de lait et substituts (avec indication de ce qu'est une portion). Alors que dans la nouvelle version 2019 du guide, il n’y a aucune mention de ce que devrait être ma consommation de produits laitiers. Si vous êtes une femme de 50 ans et plus et souhaitez prévenir l’ostéoporose, le guide alimentaire ne peut pas vraiment vous aider, alors que la recommandation de calcium en pharmacie est très précise…
Lorsque j’ai commencé mes études universitaires, j’étais arrivée à la conclusion que le guide alimentaire était un outil relativement neutre afin de nous guider dans une alimentation de base : qu’est-ce qu’un enfant de 2 ans devrait manger? Quelles formats de portions? Etc..
Je comprends que la lutte à l’obésité est devenue l’objectif majeur de société. Et le nouveau guide veut être un outil dans cette lutte. Je suis aussi consciente qu’il y a plus de problèmes s’obésité que de malnutrition au Canada. Mais comme le concept de portion a disparu pour laisser la place au concept de proportion, qu’est ce que je donne à un enfant de 2 ans qui «picore» dans son assiette et dont la courbe de poids refuse de monter? Ce n’est pas le nouveau guide qui peut y répondre. Avant, les mamans avaient au moins la « cible » à atteindre…
Je pensais que le guide alimentaire se devait d’être une référence en matière d’alimentation. Une référence non influencée par les lobbys des industries… Une référence utilisable tout au long de notre vie. Et lorsque je regarde cette édition du guide, ce n’est pas vraiment ce que je vois… La lutte à l’obésité ce n’est pas vraiment nouveau pour le guide. En consultant l’historique des guides alimentaires canadiens de 1942 à 2007, on voit apparaître dès 1949 des phrases comme; « plus » ne rime pas forcément avec «mieux» et l’excès peut être néfaste. Et en 1992, le guide est nommé «guide alimentaire canadien pour manger sainement». Des exemples tirés des guides de 1949 et 1992, et pourtant en 2019 on disait qui tous ces guides sont passés à côté du but. Faut-il conclure que finalement très peu de personnes consultent le guide?
Selon moi, les avantages du nouveau guide sont le focus sur la cuisine maison et sur le fait de manger en «famille». Je suis d’ailleurs vraiment en accord avec ces deux nouveautés. Lorsque tous mes enfants étaient à la maison, il y avait une règle : manger sans écran (sans télévision ni tablette ou cellulaire). Mais l’ajout de cette règle aurait été vraiment audacieux.
À mon avis cette dernière édition va pousser les gens à s’informer encore plus sur Internet. Youtube ou Facebook. Et oui pousser les gens vers la dernière diète à la mode… vers les régimes à perte de poids rapide qui apporte une reprise de poids tout aussi rapidement. Variation de poids en yoyo !
Bref, après le branle-bas médiatique de la sortie de ce nouveau guide alimentaire canadien, je pense qu’il va arriver la même chose qu’avec les autres éditions; il va tomber dans l’oubli. À part les nutritionnistes, personne de la population ne va vraiment s’en servir.
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